Pour bien comprendre notre avenir au sein des réformes importantes qui se préparent, il faut connaître les mécanismes "institutionnels" des organisations internationales, les orientations et les influences qui se sont mises en place et surtout les stratégies géopolitiques qui peuvent changer radicalement le monde que nous connaissons aujourd'hui.
Sans ces éléments, l'information reste superficielle. Elle empêche tout jugement sur le fond et livre le citoyen à des choix ou des avis parfois fatalistes, partisans, souvent intéressés ou motivés par des considérations externes.
Certaines données peuvent paraître élémentaires pour les lecteurs expérimentés, d'autant qu'elles sont extraites avec beaucoup de neutralité de bases de données accessibles à tous. Mais c'est justement l'assemblage de ces éléments qui peut seul permettre une vision d'ensemble et aider à percevoir les "dessous" des décisions à venir.
La chronologie n'est pas toujours respectée, et les hypothèses ne sont pas des certitudes.
Les organisations internationales (Les bases)
Le Groupe des 8 (G8).
Au tout début, c'est l'initiative du président français Valéry Giscard d'Estaing qui réunit un sommet de six pays fondateurs au château de Rambouillet du 15 au 17 novembre 1975 pour traiter les questions économiques et financières de façon informelle. Le G6 est né. Il est composé des États-Unis, du Japon, de la République fédérale d'Allemagne, du Royaume-Uni, de la France et de l'Italie qui se réunissent dans une "ambiance décontractée... pour discuter des affaires du monde".
La Déclaration de Rambouillet parle de libertés, de prospérité, de commerce international, de coopération, de chômage et surtout de redressement économique
Un an plus tard le G6 devient le G7 avec l'arrivée du Canada, puis le G8 lorsque la Fédération de Russie rejoint le groupe. Avec les années, le G8 va progressivement passer d'un statut "informel" à celui d'une autorité économique mondiale.
Dès l'an 2000 plusieurs membres du G8 souhaitent l'admission d'autres pays (Espagne, Chine, Inde, Afrique du Sud, Brésil, et Mexique) mais ces derniers n'obtiendront qu'un statut "d'associés" pour aborder les grands thèmes même si leurs points de vue seront pris en compte. C'est en fait l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) qui deviendra l'interface entre le G8 et les pays associés.
Le sommet de chefs d'Etats dans le pays qui assure la présidence annuelle est précédé de réunions ministérielles dans les domaines de compétences requis.
La prochaine présidence annuelle revient à la France et au président Nicolas Sarkozy en janvier prochain et le 38ème sommet du G8 aura donc lieu en France à Bordeaux pendant l'été 2011.
Le Groupe des 20 (G20)
Pour comprendre les grands événements qui nous attendent il faut aussi connaître le fameux G20 et faire la clarté entrer ces "groupes" G8-G20 assez hermétiques pour le commun des mortels.
A défaut de pouvoir agrandir la représentation du G7 ( à l'époque) contre le gré de ses membres fondateurs, c'est le ministre de l'économie canadien, Paul Martin, lors d'une réunion des ministres des finances du Groupe des 7 qui prend l'initiative de créer un G20 réunissant les ministres des finances de 19 pays plus l'Union européenne.
En 2008, pour la première fois, ce sont les chefs d'Etats et de gouvernement qui se réunissent au Sommet de Washington et plus seulement les ministres des finances.
Actuellement il existe plusieurs réunions annuelles du G20 : Les sommets des chefs d'Etats et de gouvernement, le G20 "finances" qui rassemble les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales et depuis avril 2010 des G20 "sociaux" réunissant les ministres de l'emploi.
L'initiative du ministre canadien est ambitieuse. Elle est parvenue à aller beaucoup plus loin dans la représentation des pays puisqu'elle a ajouté au nombre des pays industrialisés plusieurs pays émergents.
Le G20 accueille les institutions de Bretton Woods c'est à dire le FMI et son directeur général (DSK), le président de la Banque mondiale, celui du comité monétaire et financier international et celui du développement du FMI et de la Banque Mondiale.
Par un heureux concours de calendrier, c'est au nom de la France que le président de la république Nicolas Sarkozy présidera le G20 à partir du 11 novembre 2010 pour une durée d'un an. Le sommet 2011 se tiendra en novembre à Nice (ou à Cannes).
2011 sera probablement l'année "internationale" de la France avec l'organisation sur son sol des 2 sommets les plus importants pour l'avenir de la planète...
Bretton Wood, FMI, Banque Mondiale
Si l'on connaît les deux derniers organismes de l'intitulé, peu nombreux sont ceux qui connaissent leurs actes de naissance en juillet 1944 dans le grand hôtel "Mount Washington Hotel" de cette ville et station de ski américaine du New Hampshire : Bretton Woods.
C'est le 22 juillet que furent signés les Accords économiques de Bretton Woods.
730 délégués représentant 44 nations alliées ont assisté à la présentation d'un plan d'ensemble de deux protagonistes célèbres : John Maynard Keynes qui dirigeait la délégation britannique et Harry Dexter White, assistant au secrétaire au Trésor des Etats-Unis.
Le plan Keynes ébauché dès 1941 préparait un système monétaire mondial fondé sur une unité de réserve non nationale, le bancor.
Du côté américain, c'était plutôt le projet de création d'un fonds de stabilisation alimenté par les dépôts des Etats membres avec celui d'une banque de reconstruction pour l'après-guerre. Mais à la différence du plan Keynes, c'est le dollar américain qui devait jouer un rôle central.
Finalement, c'est la proposition de White qui fut adoptée pour construire un système monétaire mondial autour du dollar, et ce dollar fut rattaché à une valeur nominale d'or.
Dans la foulée, deux organismes ont vu le jour :
- La Banque mondiale (BM) formée de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et de l'Association internationale de développement (IDA)/
- Le Fonds monétaire international (FMI)
Un autre organisme aurait dû être créé, chargé du commerce international, mais en l'absence d'accord, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ne verra le jour qu'en 1995 après de longues négociations de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT).
Avant les accords de Bretton Wood, le système monétaire international est essentiellement basé sur la convertibilité des monnaies en or qui favorise le commerce international et les échanges avec une confiance dans les monnaies émises.
dès 1914 l'existence de la guerre induit un financement par la création monétaire ou "planche à billets" génératrice d'inflation et de défiance devant la monnaie en billets.
L'Angleterre et les Etats-Unis ne peuvent ou ne veulent plus subir la contrainte de l'étalon-or qui les oblige à respecter les règles autorégulatrices de l'or. L'argument de Keynes voulant que les rééquilibrages ne soient pas subis par les seuls pays déficitaires mais par l'ensemble des économies est repoussé. C'est la fin de la parité or-billet.
A la fin de la première guerre mondiale l'endettement s'est considérablement accru, des pays ruinés n'ont plus d'or et beaucoup de monnaies sont inconvertibles. L'hyperinflation allemande est un exemple extrême de flottement des monnaies. (la valeur du mark décline de 4,2 marks par dollar à 1 000 000 de marks en août 1923 et à 4 200 000 000 000 de marks par dollars le 2 novembre de la même année).
En 1922, les accords de Gênes créent un système d'étalon de change-or qui permet l'émission de monnaie non plus en contrepartie d'or mais de devises convertibles en or.
Dans un contexte de fragilité, une crise boursière et bancaire frappe les Etats-Unis et provoque l'explosion du système d'étalon change-or. C'est désormais le "chacun pour soi" international.
Des contrôles des changes sont mis en place en Allemagne (1931) la Grande-Bretagne crée sa zone sterling et les Etats-Unis créent une zone dollar en dévaluant le dollar de plus de 40% par rapport à l'or. La convertibilité du yen en or est suspendue et la France abandonne la convertibilité du franc en or en 1936.
En dépit de tentatives de plusieurs pays européens pour créer un "bloc-or" la mort de l'étalon change-or des accords de Gêne va devenir une des causes de l'ampleur et de la durée de la crise de 1929.
La récession économique nationale qui frappe les Etats-Unis va se transformer en dépression économique mondiale.
A coup de dévaluations, avec une baisse des revenus nationaux, de la consommation du commerce international et un fort accroissement du chômage de masse, la spirale déflationniste s'accélère réduisant les flux financiers et prolongeant d'autant la sous-activité générale.
On se penche désormais sur l'étude d'un nouveau système. Franklin Delano Roosevelt déclarait : "les mesures collectives pour sauvegarder les peuples du monde de ce qui menace la paix, ...ne doivent pas être basées seulement sur une machinerie internationale pour gérer les disputes et prévenir les agressions, mais aussi sur une coopération économique entre les nations visant à prévenir et supprimer les désajustements sociaux et économiques".
La seconde guerre mondiale a doublé la production industrielle américaine tandis que l'Europe et l'Extrême-Orient sont ruinés militairement et économiquement. Les Etats-Unis disposent de la plus grande partie des capitaux mondiaux, ils dominent la production manufacturière et les exportations, ils produisent la moitié du charbon, les deux-tiers du pétrole et plus de la moitié de l'électricité au niveau mondial et 2/3 des réserves mondiales d'or sont détenues par les américains.
C'est dans ce contexte qu'est décidé d'organiser une conférence dans le but de créer un système monétaire pour assurer une expansion économique et en faisant des Etats-Unis et du dollar le pilier de cette nouvelle architecture économique. C'est "Bretton Woods".
Ils vont jouer respectivement les rôles que jouaient le Royaume-Uni et la livre avant la guerre de 1914.
Plus question d'étalon or ou d'étalon change-or. le Gold Exchange Standard est créé et est fondé sur une seule monnaie, le dollar américain. Toutes les monnaies sont définies en dollar et seul le dollar est défini en or sur la base de 35 dollars américains pour une once d'or (31.1034768 grams = 1 troy ounce).
Le Fonds monétaire international est créé, il a pour but de surveiller les politiques nationales pour éviter les dérapages et d'intervenir en cas de crise pour fournir de la liquidité au pays concerné moyennant une politique de redressement.
Une règle implicite est qu'on ne demande pas la conversion des dollars américains en or. Les dollars qui entrent dans un pays servent à la création de monnaie locale. Du dollar dépendent désormais la croissance et l'inflation mondiale.
Ce système servira de cadre aux "Trente Glorieuses" de 1945 à 1974 qui verront le décollage économique et l'opulence du monde occidental.
Aucun contrôle n'ayant été instaurés par les accords de Bretton Wood sur la quantité de dollars américains émis, les Etats-Unis ont la possibilité de ne pas respecter leurs engagements envers les comptes extérieurs. Les pays qui exportent le plus vers les Etats-Unis accumulent d'immenses réserves en dollars qui donnent lieu à autant d'émission dans leur propre monnaie, alimentant une inflation de plus en plus inquiétante.
C'est la République fédérale d'Allemagne, la première, qui met fin aux accords de Bretton Wood en cessant de mettre en oeuvre ses dispositions. Les demandes issues de banques centrales de livraison d'or en contrepartie de leurs excédents de dollars commencent.
Les Etats-Unis, qui ne veulent pas voir disparaître leur encaisse-or suspendent la convertibilité du dollar en or, et c'est le 15 août 1971 que le président Richard Nixon prend cette décision sans consulter les partenaires ( autres pays occidentaux et Japon), en mettant en avant le danger sérieux et croissant de ces exigences de livraison d'or. Le fameux "diktat" américain...
Plusieurs tentatives échouent pour sauver le système par une dévaluation du dollar, elles aboutissent sur les "accords de Washington"conclus le 18 décembre 1971 par les ministres des finances et les banquiers centraux désigné "groupe des dix" ( Suède, Etats-Unis, Canada, Japon et les pays de la CEE). Ils établissent des parités centrales et des marges de fluctuations de 2,25%. On entre dans une période de transition.
Le 13 février 1973, le dollar étant dévalué de 10% un réajustement de la parité des monnaies est décidée mais il s'avère rapidement insuffisant.
Le 19 mars 1973 le même "Groupe des dix" abandonne la "fixité" du taux de change de diverses monnaies par rapport à l'étalon dollar. Adieu parités centrales, adieu modération. Le système des taux de change fixes s'écroule avec un régime de change flottant en fonction des forces du marché.
Les Banques centrales des pays ne sont plus contraintes d'acheter du dollar pour maintenir leurs parités selon les règles en vigueur. C'est le système de "change flottant" dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Dès le mois de mai 1973, des banques privées s'engagent dans des activités de spéculation internationales sur le marché des changes.
Les 7 et 8 janvier 1976, Les Accords de la Jamaïque mettent un terme définitif au système monétaire de parités fixes ajustables. Les ministres des finances qui forment le comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) présidé par le ministre belge Willy De Clercq légalisent le système des taux de change flottants. Ils ne font que valider une situation qui existe depuis 1973.
Il n'y a officiellement plus de système monétaire international organisé.
Du jour au lendemain, le FMI perd son rôle technique de gendarme en cas de dérapage.
Les Etats européens, qui avaient mis en place, en 1970, le Serpent monétaire européen, n'obtiendront pas la stabilisation souhaitée. Cette expérience conduira l'Europe sur le chemin de la monnaie unique.
La conjoncture internationale est désormais assujettie aux variations de la valeur du dollar qui sont extrêmement fortes et souvent brutales.
Le premier choc pétrolier en 1973 est largement dû à la réaction disproportionnée de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à une baisse très forte du dollar. En sens inverse, la crise économique asiatique est largement provoquée par la remontée ultra-rapide du dollar en 1998 qui met en difficulté tous les emprunteurs en dollars qui ne peuvent plus rembourser.
En 1999 Maurice Allais, prix Nobel d'économie contredit l'assurance de son confrère Milton Friedman, également prix Nobel, et son "école de Chicago" en démontrant les risques du système de flottement des monnaies et craignant une crise systémique il annonce que "ce qui doit arriver arrive" dans un ouvrage (la Crise mondiale d'aujourd'hui).
Par ailleurs on relève de plus en plus de spéculation de la part de fonds spéculatifs sur les monnaies flottantes provoquant un développement des flux financiers sans rapport avec le flux des marchandises. Les devises deviennent des marchandises comme les autres.
L'once d'or qui valait 35 $ en 1971 cotait plus de 1 000 $ en 2008. Le dollar avait alors perdu 96.5% de sa valeur en or.
En 2008, des voix s'élèvent pour demander un nouveau Bretton Woods. Même si les mesures souhaitées ne sont pas claires, ces appels soulignent l'importance historique et symbolique que garde l'effort fait à Bretton Woods pour créer un environnement économique international stable, efficace et organisé. En avril 2009 lors d'une réunion du G20 à Londres les principales puissances économiques s'entendent pour mettre en place de nouvelles règles pour les marchés financiers qui sont considérées par Nicolas Sarkozy comme sans précédent "depuis les accords de Bretton Woods en 1945". La presse cependant préfère relater des mesures contre les paradis fiscaux...
Les indices d'une nouvelle réforme
Les banques et les établissements financiers se sont habitués à la pratique d'une spéculation sauvage hautement rentable. Pourquoi s'embarrasser de prêts aux particuliers ou aux entreprises à faible rendement par rapport au risques courus alors que de nouveaux produits financiers rapportent deux à trois fois plus de profits.
Cette cupidité contagieuse est à l'origine de la crise immobilière américaine. Tous les plus grands établissements financiers mondiaux vont passer du stade d'investisseurs avisés à celui de ne plus pouvoir faire face à leurs obligations. La crise américaine devient occidentale voire mondiale.
Plutôt que de voir leurs économies sombrer dans une succession de faillites, les Etats renflouent les banques avec des plans de sauvetage plus ou moins importants et leur demande de faire l'inventaire de ces produits "miracles" dont la valeur est désormais quasi nulle. En France, l'Etat rassure les déposants en garantissant jusqu'à 70 000 euros par compte bancaire et prête aux organismes financiers des milliards d'euros pour éviter une cascade de faillites.
Grâce au système de change flottant, ces établissements, habitués à profiter de la tourmente, vont spéculer et "se refaire" en un temps record. Il est vrai que les secousses de la crise ont transformé les "flottement" des monnaies en une vraie tempête. Les écarts brutaux permettent des profits considérables. Ils remboursent rapidement les prêts de l'Etats pour reprendre leur indépendance et éviter d'avoir à rendre des comptes sur leurs pratiques ou sur leurs avoirs.
Aux Etats-Unis, le président de la FED colmate les brèches, à l'exception d'un établissement qui servira d'exemple et qui fera faillite dans une ambiance délétère de règlement de compte entre titans de la finance. Le géant Lehman Brothers disparaît de la scène. Les trillions de dollars émis pour sauver "les meubles" se répercutent sur tous les détenteurs de dollars.
La Chine, qui détiens des milliards de dollars voit fondre ses réserves et préfère se délester en replaçant ses avoirs en dollars par des contrats d'approvisionnement à long terme ou par des achats immédiats accompagnés de savoir faire industriels comme elle vient de le faire avec la France en matière d'aéronautique ou d'industrie nucléaire.
Les bons du trésor américains à long terme sont remplacés par du court terme. Les américains sont contraints de trouver de nouveaux prêteurs pour pouvoir honorer leurs engagements. Sur le plan intérieur, la dégradation financière s'accompagne d'une crise sociale et d'une hausse importante du chômage.
Le président Obama tente de réformer les structures financières pour freiner la crise mais les effets d'annonce et les artifices ne parviennent pas à redresser une situation héritée en grande partie de ses prédécesseurs.
Les conférences annuelles conjointes du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale de 2009 s'ouvrent le 28 septembre pour aboutir au Conseils des Gouverneurs des deux organisations des 6 et 7 octobre à Istambul-Turquie (1). Elles ont (entre autres) pour thème "l'évaluation de la réaction mondiale à la crise et détermination d'une stratégie pour la marche à suivre".
Un an après avoir frôlé un effondrement économique global, les ministres des Finances, les banques centrales, le monde des affaires, les experts universitaires et personnalités représentatives d'organisations civiles internationales de 186 pays se rassemblent pour aborder le thème de "la Crise".
Le président du FMI, Dominique Strauss Kahn, s'exprime sur la satisfaction des résultats de cette conférence sans pourtant entrer dans les détails des avancées.
Une semaine auparavant, Le sommet du G20 de Pittsburgh-Canada réunissant les 20 plus grandes puissances mondiales de la planète (soit 85% du PIB mondial) parvient à la décision de faire du Groupe des 20 la nouvelle instance de pilotage de l'économie mondiale. Les pays membres du G8 pourront toutefois continuer à se réunir lors de sommets "informels" mais le G8 ne sera plus l'instance de coordination.
Annexe : Les indices
Dans un document appelé "Conséquences des réformes de la régulation sur les institutions financières grandes et complexes" le FMI a appelé à une "coordination mondiale pour établir des mécanismes efficaces de démantèlement et de partage des tâches pour gérer les institutions multinationales en faillite". Il souligne même que "les faillites futures sont inévitables" et qu'un "accord sur les régimes transnationaux de démantèlement doit être une priorité élevée" et "avancer sur ces questions exigera un engagement politique aux plus hauts niveaux".
Selon la terminologie du FMI, une "institution" répond à une définition claire que l'on peut trouver dans un manuel interne. Le terme "multinational" exclut donc les banques centrales qui sont des institutions internes. Si l'on tient compte de la notion de "démantèlement" citée dans le document, on arrive aux sociétés financières, aux compagnies d'assurances, fonds de pension et intermédiaires financiers. Cela englobe bien entendu les banques commerciales, les banques d'affaires, les caisses et associations d'épargne et de prêt, les sociétés de crédit immobilier et les banques de crédit hypothécaire sans oublier les banques offshore et les sociétés de financement, de placement collectif (FCP), les sociétés relais détentrices d'actifs titrisés ou retirés du compte de patrimoine d'autres sociétés restructurées. Les intermédiaires dans les opérations sur les dérivés financiers, les intermédiaires financiers spécialisés (holding, société de financement à court terme pour des fusions ou des prises de contrôle), société de financement des exportations ou importations, sociétés d'affacturage, de capital-risque et de capital-développement et enfin, les bourses et marchés de valeurs mobilières, courtiers et agents, sociétés de change et de garantie financière.
On peut d'ailleurs assister à un repli de toutes les financières depuis cette annonce.
Dans cet inventaire, on peut faire la part des choses entre ce qui peut être "multinational" ou ce qui ne l'est pas. Mais il semble que les "réformes de la régularisation sur les institution financières" annoncées et encore inconnues à ce jour vont plutôt s'apparenter à un "remède de cheval" qu'au traditionnel placebo qui a longtemps bercé, rassuré mais enfoncé l'économie mondiale. Une autre hypothèse pourrait être que les "conséquences" de cette réforme cassent totalement la dynamique financière ou monétaire ou tarisse des écarts qui faisait les beaux jours et la richesse desdites institutions.
Par cette évocation, le FMI montre qu'un plan d'ensemble existe mais que seuls quelques éléments, comme dans un puzzle, nous sont révélés.
Plutôt que d'aller chercher au fond des placards des actifs douteux ou dévalués en sollicitant la sincérité dans des questionnaires trop indulgents de type "stress test", il semble que l'heure de vérité peut venir simplement lorsque chacun devra faire face à ses engagements de paiement. L'emploi du terme "faillite" par le FMI laisse augurer un nouveau système qui rendra impossible le report ou le déport des dépréciations ou des dettes accumulées.
Un autre indice nous est livré par un complice de cette réforme, le président de la Banque mondiale, Robert Zoelick, qui propose textuellement "employing gold as an international reference point of market expectations about inflation, deflation and future currency values", ce qui donne en français : "utiliser l'or comme point de repère pour répondre aux problèmes d'inflation, de déflation et à celui des cours des monnaies".
Certains qui tentent de lire entre le lignes relèvent la proximité de cette déclaration avec le second plan de relance "quantitative easing 2" (QE2) que vient de lancer Ben Bernanke président de la FED américaine. ils notent que la déclaration ne fait aucune allusion à un retour à l'étalon-or. En revanche ils pensent qu'il peut y avoir un lien entre l'or et les taux de change entre monnaies ou encore entre l'or (accompagné ou non d'autres ressources) et la capacité pour des Etats d'émettre de la monnaie et d'emprunter.
la Chine a été la première à agir pour supprimer le dollar comme monnaie de réserve. L'initiative au sein du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) suivie d'accords entre pays de la zone Asie ont montré la détermination de la Chine de parvenir à ses fins, avec ou sans le FMI. Elle a su rallier à sa cause de nombreux autres pays dont la France.
Le Président français, qui va cumuler les présidences du G8 et du G20 la même année semble avoir préparé depuis plusieurs mois un plan "révolutionnaire" pour apporter au monde de nouvelles solutions. Il dispose d'une année pour actionner des institutions où il semble avoir de nombreux alliés et il veut parvenir à une réforme sur les trois thèmes : Monnaies, ressources et gouvernance.
Au stade actuel, nul n'est encore parvenu à découvrir la recette secrète détaillée sur laquelle va probablement reposer tout l'édifice de l'architecture monétaire et financière du 21ème siècle. L'enthousiasme ambiant des "réformateurs" indique qu'une solution a été trouvée pour tout résoudre d'un coup.
- Permettre aux pays en développement tirer un juste revenu de leurs ressources à l'abri de la spéculation sur les matières premières.
- Assécher brutalement la spéculation sur les changes en stabilisant les monnaies.
- Réformer la gouvernance pour mettre fin aux intérêts particuliers.
Hypothèses
Inutile d'aller chercher bien loin pour deviner que le "panier de monnaie" va revenir à l'ordre du jour mais avec quelques précautions permettant d'éviter les dérives comme l'excès d'émission de monnaies par les uns ou les autres.
Un mécanisme proche de celui de Bretton Woods visera probablement à fixer un plafond d'émission pour ne pas fausser ledit "panier de monnaie". Le FMI pourrait retrouver sa fonction initiale sans avoir à changer ses statuts et l'or pourrait revenir comme un élément stabilisateur dans ce mécanisme pour limiter les émissions de monnaie et la capacité d'endettement des Etats.
La logique conduit à imaginer l'incidence d'un mécanisme naturel tendant vers une stabilisation autant pour les marchés, les monnaies, que pour l'or lui-même. On peut aussi ajouter que le même mécanisme éteindra en même temps les sources de spéculation financières et fera disparaître les structures, les techniques, les outils et les produits utilisés à ces fins.
La seule certitude dont nous disposons, c'est que la monnaie de réserve ne sera plus le dollar.
Le détenteur d'or va se retrouver comme ces personnes âgées qui n'ont jamais pu s'habituer au passage des anciens francs aux nouveaux francs et à fortiori à l'euro.
En effet, comment trouver un point de repère lorsque l'or sera coté en proportion de ce "panier de monnaie" ?
Les échanges internationaux se feront désormais sous forme d'une conversion fixe permettant de payer les transactions dans sa propre monnaie. La mise en place de l'euro avait déterminé une parité fixe de change pour chaque pays, il semble que le système qui nous attend ressemblera à ça.
Comme le coup de baguette magique n'existe pas en matière de finance internationale, il va y avoir une période de transition entre les décisions et l'application de de ces décisions.
La transition est souvent la partie la plus difficile dans tout projet.
L'annonce du président du FMI sur des faillites inévitables et sur la nécessité de les prévoir montre à quel point la disparition à terme de hauts rendements financiers va mettre à mal des structures spécialisées sur des rendements élevés pour survivre. Les fonds de pension auront du mal à sur-performer les produits de placement institutionnels.
Nous allons revenir à la bourse de "papa" où n'importe quel produit, y compris l'or, évoluera de quelques points par an. Les flux financiers correspondront à des contreparties réelle (ressources, production, performance).
L'or
Dès l'application de ce mécanisme à venir, l'or n'aura plus d'intérêt sauf dans les cas extrêmes de conflits.
S'il devient l'élément de référence du prochain système monétaire, il est plus qu'évident que le titre de papier sera conduit à disparaître avec quelques surprises à la clé. L'or va devenir un instrument des banques centrales. Les particuliers pourront toujours collectionner de l'or numismatique ou s'offrir des bijoux.
Pendant la "transition" on peut imaginer une très forte hausse de l'or qui ne sera qu'un juste retour des choses, d'autant que cela permettra des ajustements favorables pour tous les pays qui disposent de réserves de métal.
Dès lors, il sera plus rentable d'avoir un portefeuille d'actions d'entreprises que de détenir pièces ou lingots.
La récente décision de ne plus "couvrir" les agissements dispendieux de certains chefs d'Etats montre que le plan d'ensemble de cette réforme pourra enfin profiter à un plus grand nombre de la population mondiale.
Nul ne connaît la chronologie de cette mise en place, mais connaissant l'acteur qui va la piloter (le président Sarkozy) et ses enjeux politiques à court et à moyen terme, il est probable que tout va aller très vite et que le sujet de réforme sur la "nouvelle gouvernance" dont nous ne connaissons rien ne soit qu'une méthode élargie de ce que nous connaissons en France.
A suivre...
Floyd
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