La particularité de l'or est sa cotation unique pour deux produits différents :
- L'or papier, dont on sait aujourd'hui que la quantité émise dépasse largement le poids d'or sensé le garantir.
- L'or métal que la meilleure machine à imprimer ne saura jamais multiplier.
Tant que l'émission de titres papiers correspondait à une contre-valeur réelle d'or physique on pouvait encore penser que ce support ne visait qu'à simplifier les échanges et qu'il n'existait pas de différence entre une once d'or, qu'elle soit mentionnée sur un imprimé, ou qu'elle soit sonnante et trébuchante.
Reprenant d'anciennes pratiques fort rentables consistant à inventer de l'argent, et à faire fortune, des opérateurs ont franchi les lois naturelles en émettant beaucoup plus de titres que d'or détenu.
La tentation, la concurrence, la cupidité, l'impunité de ces acteurs, avec la bienveillance des pouvoirs publics, ont conduit ces opérateurs à émettre des imprimés ne représentant plus que le dixième, voire le centième de la valeur en or qu'ils sont sensés représenter
A partir du moment où ces imprimés ne représentent plus la valeur en or qu'ils affichent, on peut considérer, malgré une cotation unique, qu'il existe sous le même label "gold index" deux marchés distincts aux valeurs très différentes : celui de l'or physique et celui de l'or papier.
Dès lors, considérer le marché de l'or avec une logique "tout papier" ou "tout métal" ou l'une contre l'autre est une erreur qui serait aussi grave que de confondre le marché de l'or avec celui de n'importe quelle action sur les marchés boursiers.
En effet, si les actions d'une entreprise peuvent théoriquement descendre vers une valeur nulle dans le cas d'une offre qui ne trouverait pas de demande, on imagine aisément que la même situation sur l'or ne pourrait jamais conduire à une valeur proche de zéro.
On peut prendre la mesure de l'imagination et de la créativité de ces alchimistes qui ont su masquer leur enrichissement derrière une valeur (l'or) dont il faudrait beaucoup plus de temps pour découvrir tes tenants et les aboutissants.
A partir du moment où ce nouveau "papier-monnaie" ne représente plus qu'une infime proportion de la valeur en or qu'il affiche, on peut considérer que tout fonctionne comme un schéma de Ponzi où la victime sera le dernier détenteur.
A ce jeu de chaises musicales, la musique a plus d'importance que le nombre de chaises puisque tant qu'elle dure, le problème ne se pose pas et les musiciens grassement payés ne manquent pas pour faire durer les mélodies magiques le plus longtemps possible.
La "failure to déliver", qui a touché le London Bullion Market (LBMA) et a mis en difficulté JP Morgan Chase et Deutsche Bank au point de les conduire à proposer un paiement en dollars avec un premium d'au moins 25% au dessus du spot à ceux qui avaient exigé une livraison de métal, devrait être considérée comme une première alerte mettant en évidence que ces banques ne possédaient tout simplement pas l'or qu'elles avaient vendu à découvert.
On voit, au passage, que des Etats sont devenus, bon gré, mal gré, les complices de ces malfaiteurs de haut vol "too big to fail" au point de leur permettre de poursuivre leurs méfaits en les libérant légalement, de l'obligation d'avoir à livrer la contrepartie en métal et de s'exonérer de leurs engagements et de leurs promesses avec autre forme de papier reproductible que l'on connaît sous le nom de monnaie.
Mais revenons à nos moutons en gardant en mémoire que le cours de l'or valorise de la même manière l'or métal et l'or papier.
En cas de crise sur une éventuelle (sic) sur-émission d'or papier, de difficultés de livraison d'or physique, on peut penser que ceux qui voudraient se défaire du papier, pourraient avoir beaucoup de mal à échanger leurs titre contre de l'or métal ou contre de la monnaie fiduciaire.
Dans ce cas, unn raisonnement simpliste conduirait à penser qu'en toute logique le cours du "gold index" se mettrait à baisser.
Mais comment cela serait-il possible puisque l'or métal verrait mécaniquement ses cours augmenter face à un accroissement de la demande et une diminution de son offre.
Tout est là ! La demande serait de métal et l'offre de papier !
Le résultat serait une contradiction totale puisque le papier verrait sa valeur se maintenir, voire augmenter mais serait impossible à négocier tandis que l'or physique représenterait la totalité de la demande.
Il pourrait se créer un marché parallèle, un "junk gold market", où vendeurs et acheteurs fixeraient de gré à gré ce qui deviendrait à terme une cotation distincte de l'or papier et qui marquerait enfin un divorce entre le cours du métal, vrai cours de l'or, et celui du papier, mettant fin une bonne fois pour toutes à ce mariage de la carpe et du lapin que seuls quelques alchimistes sont parvenus à entretenir à coup de formules magiques.
Il est donc étonnant que de simples citoyens parviennent à comprendre ces mécanismes, beaucoup plus simples que l'hermétisme de certains produits dérivés, sans que des Etats ne se posent les mêmes questions de savoir si la masse circulante correspond à ce qu'elle prétend représenter.
On peut se demander pourquoi ce institutions ont autorisé des émetteurs à produire ce que l'on peut considérer comme de la fausse monnaie.
A l'heure où les banques sont soumises à des "stress tests", ne serait-il pas encore temps de mettre les émetteurs d'or papier en demeure de certifier l'inventaire de leur stock physique et de prouver la couverture de leurs émissions.
A l'heure où le contribuable doit pouvoir justifier le moindre de ses avoirs, ne serait-il pas normal que les élus du peuple soient également tenus de préserver leurs citoyens, au delà des risques naturels ou de force majeure, des produits frelatés, que cela concerne la finance, l'alimentation, la sécurité etc.
L'or physique ne peut, par définition engendrer une bulle ou une crise à l'image de celle des subprimes sur les prêts immobiliers américains.
En revanche, la délicieuse musique risque de bientôt s'arrêter pour les détenteurs d'or papier et il découvriront qu'il n'auront en main que du papier dont la valeur ne sera plus que celle de son poids.
Bien entendu, les faux-monnayeurs seront à ce moment là en train de déguster de merveilleux cocktails colorés dans leurs somptueuses propriétés quelque part dans les caraïbes.
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